14 novembre 2019/Réseau International
par Olivier Renault.
Une trentaine de chefs d’État et de gouvernement ont pris part ce 12 novembre à la deuxième édition du Forum de Paris sur la Paix qui se déroule jusqu’au 13 novembre. La conférence évoque le multilatéralisme et donne la parole à la position russe qui porte la nouvelle vision diplomatique pour un monde multipolaire.
Alors que le monde fait face à un contexte géopolitique difficile force est de contaster que les États-Unis ont boudé cette conférence sur la paix mais que la France en amorçant un changement politique engagé par Emmanuel Macron tente de garder son statut de pays organisant le dialogue entre les pays occidentaux et les pays émergents.
« Le monde est en changement et ces modifications prendront du temps. C’est le multilatéralisme du monde qui est devenu un mot d’ordre de l’actualité. L’Occident n’arrive pas à le gérer seul. Les pays comme l’Inde, la Chine, le Brésil, les pays africains, gagnent en pouvoir. Pour renforcer leur position dans le monde, les questions clefs ne sont pas discutées dans un G20 ou dans un G7. Les compétences sont devenues plus nombreuses« , a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
La politique occidentale n’est plus adaptée dans un monde nouveau car, « plus on a d’acteurs plus le climat international sera sain. C’est une conséquence positive« . Sergueï Lavrov a tracé un bilan signalant une totale inadaption des institutions internationales actuelles : « Il est évident que nos amis occidentaux ne sont pas contents parce que durant 500 ans, ils dominaient la planète. C’est pour cela qu’ils veulent freiner ce processus en espérant le rendre plus compliqué« .
« Quand vous avez quelque chose qui est réalisé pour les intérêts de l’Occident, cela doit être respecté. Mais si il y a quelque chose qui ne correspond pas à leurs intérêts ça, c’est sur le champ illégal » a déploré Sergueï Lavrov en évoquant l’application déséquilibrée du droit international au profit des pays occidentaux contre les pays émergents en citant la situation au Kosovo ou en Crimée :
« Nous allons comparer le Kosovo et la Crimée. Au Kosovo on n’a pas eu de référendum mais le Kosovo a été reconnu par la majorité des pays occidentaux. La Crimée a fait un référendum mais les résultats ne sont pas reconnus« .
Le ministre russe déplore la construction des éléments de preuves: « Qu’est-ce-qu’il se passe avec l’organisation de l’interdiction de l’arme chimique. Nous avons cette convention qui a créé un secrétariat technique et qui a été mandatée pour donner des réponses à des pays qui le sollicitent pour voir si des substances chimiques ont été utilisées ou pas. Les pays occidentaux par la réalisation de votes ont octroyé le droit à ce secrétariat technique de nommer les coupables« . La diplomatie russe dénonce le fait « qu’un secrétariat technique » outrepasse son rôle « de donner un avis d’expert » car elle tranche « sur la culpabilité des parties ce qui remplace le sens même de la convention » car cela « la déforme parce que pour changer le sens de la convention alors ça doit être ratifié par les membres, par les parties signataires » et cette situation explique le blocage sur le dossier iranien : « Ils refusent leurs engagements concernant le dossier de l’Iran. Ils ignorent tout ce qui a été fait par le conseil de sécurité du point de vue du droit international« .
A une remarque d’un journaliste qui assimile la Russie à un shérif au Moyen Orient, le ministre russe répond : « Le shérif c’est une invention occidentale » et « cette logique n’est pas applicable au dossier syrien. N’oubliez pas que la crise syrienne a été lancée par des crimes et ce n’était pas nous l’auteur de ces crimes« . Sergueï Lavrov a parlé de la responsabilité des États-Unis dans la région qui avait « déclaré que la démocratie avait gagné en 2003 en Irak » alors que les Américains avaient soutenu les moudjahidines dans les années 80 :
« Ils voulaient contrôler les moudjahidines après le retrait des troupes soviétiques mais de même en Irak avec cette invasion en 2003, quelques années plus tard Daesh a été créé et Abou Bakr al-Baghdadi s’est enfui des prisons américaines pour devenir un des leaders d’Al-Nosra« . «Nous, la Russie, nous n’avons pas peur d’être perçus comme des colonisateurs. À la différence de la France, de la Grande Bretagne, nous avons été invités par le gouvernement syrien. Cela ne s’inscrit pas dans la définition du colonialisme« , rajoute le diplomate russe avant de lever le voile sur les objectifs américains :
« C’est pour les gisements pétroliers qu’ils vont rentrer et non pas pour protéger les Kurdes. Nous proposons des solutions pour reconstruire l’infrastructure, pour assurer le retour des réfugiés. Les États-Unis interdisent à leurs alliés et aux pays de la région tout investissement dans les régions contrôlées par le gouvernement. Sur la rive est de l’Euphrate, les États-Unis font tout pour construire des structures quasi-étatiques en appelant des pays du Golfe persique et d’autres pays à investir dans ces structures nouvellement créées. Tout ça est fait pour séparer cette partie de la Syrie et pour faciliter le contrôle des gisements pétroliers« .L’Occident ne doit pas se présenter en juge suprême
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source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1224